« Le réseau, objet de recherche en gestion. La pluralité des cadres d’analyse ».

auteurs

  • Fulconis François

mots-clés

  • Activités
  • Compétences
  • Compétitivité
  • Coopérations
  • Partenariat
  • Réseau
  • Ressources
  • Structures
  • Stratégies

type de document

COUV

résumé

Le terme « réseau » est de plus en plus utilisé pour désigner des formes organisationnelles considérées aujourd’hui comme novatrices. Celles-ci correspondent le plus souvent à un type particulier de coopération privilégié par de nombreuses entreprises engagées dans la quête de nouveaux gisements de compétitivité par la voie organisationnelle. Certes, il n’y a rien de très original à parler d’entités économiques qui tissent des liens entre elles pour échanger des biens et des services, pour partager des étapes de création, de production ou de distribution ou pour coordonner leurs activités. Mais, depuis quelques années déjà, la nouveauté réside dans la prise de conscience que l’entreprise peut améliorer ses potentiels de compétitivité et, par conséquent, sa position concurrentielle par le développement et la gestion de relations partenariales. Pour cerner ce phénomène, de très nombreuses recherches ont été menées principalement en économie, en sociologie, en géographie, en histoire et, au sein même des sciences de gestion, dans des domaines aussi variés que la stratégie, l’organisation, le marketing, la logistique ou les systèmes d’information. Néanmoins, malgré l’abondance des travaux qui, durant les deux dernières décennies, ont accompagné la multiplication rapide des formes relationnelles et des stratégies de coopération, aucun consensus n’a encore vu le jour sur la notion même de réseau, la terminologie utilisée par les auteurs reste relativement floue (Butera, 1991 ; Paché et Paraponaris, 1993 ; Fréry, 1997 ; Pesqueux, 2003). Certes, le terme « réseau » employé seul, compte tenu de ses composantes (nœuds, connexions, structures, propriétés opératoires et flux), illustre parfaitement les arrangements organisationnels étudiés dans une perspective gestionnaire. Mais, comme le souligne très justement la littérature, utilisé dans divers domaines – la biologie, la physique, les transports, la distribution, les assurances, la banque, les télécommunications, la maffia, le terrorisme... – ce terme est devenu trop polysémique pour conserver un caractère instrumental. À l’instar de nombreux auteurs, nous avons donc décidé de ne pas l’employer seul et de retenir l’appellation « structures en réseau » qui met en évidence le caractère ambivalent de ces arrangements organisationnels puisque, d’un côté, un réseau est par définition souple, fluide et flexible et, de l’autre, la notion de structure implique une certaine rigidité, elle est le plus souvent assimilée à des formes stables voire qualifiée d’ossature de l’entreprise. En somme, comme l’affirme Fréry (1997, p. 34), « ces structures sont par essence paradoxales […] il est donc tout à fait justifié de les désigner par un oxymore ». Reste à présent à définir cette appellation. À en juger par la diversité des définitions proposées – découlant toutes de la notion de réseau – la difficulté est grande ! (Thorelli, 1986 ; Powell, 1990 ; Miles et Snow, 1986 ; Jarillo, 1993 ; Paché et Paraponaris, 1993 ; Håkansson et Snehota, 1995). Nous constatons toutefois l’emploi systématique d’une terminologie commune à la plupart des auteurs qui nous permet de dégager et de proposer la définition suivante : les structures en réseau correspondent à la mise en œuvre de stratégies de coopération entre entreprises sur une même chaîne de valeur (partenariats d’impartition). Les entreprises qui les constituent sont juridiquement et financièrement indépendantes les unes des autres, mais « organisationnellement » interdépendantes. Qualifiées de partenaires, elles sont à distinguer de sous-traitants ou de simples fournisseurs. Les multiples relations qu’elles entretiennent s’appuient sur une forte réciprocité d’intérêt et nécessitent un effort permanent de coordination pour éviter leur désagrégation. D’un point de vue analytique, le chercheur en sciences de gestion se trouve confronté à la difficulté supplémentaire qu’est la grande diversité des approches possibles. D’une part, il dispose d’un ensemble de théories économiques et sociologiques qui ont imprégné le sens du réseau, de l’autre, il est en présence de cette même diversité au sein de sa discipline. Le problème qui se pose à lui est alors de mobiliser voire d’associer ces différentes approches pour, selon une logique positive, décrire ce phénomène réticulaire et, selon une approche liée à l’action voire normative, proposer des outils de diagnostic et de changement pour améliorer le management des structures en réseau. Face à ce constat, nous n’envisageons donc pas de présenter une synthèse supplémentaire des multiples courants théoriques qui accompagnent la problématique de telles structures, des travaux remarquables ont été effectués en ce sens ces dernières années (Nohria et Eccles, 1992 ; Fréry, 1997 ; Desreumaux, 2001). Nous nous proposons, dans ce chapitre, de mettre en évidence et de discuter les caractéristiques et les intérêts d’une pluralité de cadres d’analyse pour appréhender les structures en réseau en tant qu’objet de recherche en gestion. Pour ce faire, nous concentrerons notre réflexion, dans un premier temps, sur la question de leur existence théorique, pour déboucher, dans un second temps, sur la proposition d’un modèle d’analyse de recherche visant à faciliter la compréhension de leur fonctionnement et de leur management par la réalisation de travaux empiriques.

plus d'information